samedi 20 août 2011

Envoi d'un roman à des éditeurs

C'est, pour moi, à peu près l'étape ultime. Bien sûr, être édité ne fait de personne un bon écrivain, parce qu'il existe des gros éditeurs avec de gros moyens et des petits éditeurs avec des petits moyens, parce qu'il parait que le plus dur n'est pas le premier livre édité, mais le second, parce qu'il faut être capable de tenir dans la durée, trouver un accueil critique favorable, idem pour l'accueil public... En d'autres termes, être édité n'est pas une fin en soi.

Néanmoins, l'intérêt d'écrire juste pour soi et ses proches reste limité. J'irai même jusqu'à dire que je peine à comprendre ce point de vue. Ne serait-ce que pour obtenir une sorte de validation d'experts objectifs dans le domaine, il me semble qu'il faut se confronter à cet intransigeant obstacle.
Sauf que cela prend du temps. Celui qui s'imagine qu'écrire son roman et le voir publié ne prend que quelques semaines se plante lourdement.

Première étape: écrire son roman. Et quand on fait ça bien, ça prend généralement un bon paquet de mois (le mien en a pris pas loin de 6, et je trouve ça assez peu), voire d'années.

Deuxième étape: faire lire son roman à la personne la plus neutre et la plus douée en orthographe qu'on puisse connaître. Parce qu'on a beau se relire, inconsciemment, on rate énormément de choses à cause de l'empressement, parce qu'on le connaît presque par cœur, parce que dans notre tête tout est parfaitement clair... À mon sens, c'est une étape qu'on ne doit pas évacuer.

Troisième étape: la correction. Et là aussi, ça peut prendre un sacré paquet de semaines voire de mois. Le roman doit être parfait. Aucun détail ne doit être négligé.

Quatrième étape: établir la liste des éditeurs potentiellement intéressés. Et c'est là que ça devient délicat. Parce qu'on connaît tous les grands éditeurs, qui ont généralement un site Internet bien fourni, mais les chances de trouver sa place dans leurs catalogues est très, très faible. Trop faible pour ne pas envisager d'autres options. Bien sûr, il y a Audace qui nous facilite grandement le travail. Malheureusement, l'actuelle édition (nous sommes en août 2011) date un peu et ses infos sont presque totalement périmées, et, depuis l'association a mis la clé sous la porte. Il ne reste donc qu'Internet, une farouche détermination et... beaucoup de patience. La finalité de ce blog est justement de vous faciliter la vie, mais pour le moment, c'est moi qui me complique la vie à essayer de débusquer tout le monde pour leur soutirer des informations (mais j'ai les moyens de les faire parler...).

Cinquième étape: mettre en forme son roman. À ne surtout pas négliger. L'idéal est de contacter directement l'éditeur pour lui demander s'il a des préférences à ce niveau. Ça permet un premier contact, l'éditeur peut vous faire gagner du temps en vous expliquant, par exemple, qu'ils ne prennent plus de manuscrit pour le moment et dans tous les cas ce sera plutôt bien perçu.
De ce que j'ai pu lire, l'idéal est d'utiliser des polices classiques, avec une taille 12, un léger interligne pour aérer et laisser de la place pour les annotations, une marge d'environ 5 cm sur la gauche également pour les annotations, les numéros de page en haut à droite, ne pas oublier de mettre ses coordonnées dans les premières pages (faut croire que beaucoup oublient de les mettre... Si, si.), le titre. Une courte et sobre lettre d'accompagnement où on précise le genre du bouquin, sans non plus faire son commercial du dimanche et éventuellement une bibliographie où on évite les fonds de tiroirs pour n'indiquer que les textes parus dans des revues, les pièces de théâtre jouées et tout ce qui peut avoir un certain intérêt pour l'éditeur. Mais je reviendrai plus longuement sur tout ça dans la partie "Stratégies et conseils".

Sixième étape: l'impression. Et là, c'est la première douloureuse. Pour vous donner une idée, mon roman d'un peu moins de 200 pages une fois mis en forme comme expliqué ci-dessus, avec reliure thermique (à privilégier: ça coûte à peine moins cher que les spirales et c'est nettement plus confortable, solide et quand on le pose sur une pile, ça ne le fait pas pencher) en 10 exemplaires, j'en ai eu pour près de 90 €, dans une imprimerie, avec une petite remise.

Septième étape: l'envoi. Deuxième douloureuse: pour le même exemple, ça me coûte environ 10 € par envoi. Il faut déjà trouver l'enveloppe qui va bien parce que moins de 200 pages, ça fait déjà du beau pavé épais de pas loin de 2 cm et pesant environ 1 kgs. Donc il faut nécessairement des enveloppes spéciales. À la base, j'ai commis l'erreur de me rendre directement à la Poste pour leur demander une enveloppe ou un colis approprié. Sauf qu'étrangement la Poste ne propose pas de colis adapté. Je me suis donc rabattu sur un colis où mon tapuscrit rentrait à peu près (c'est-à-dire qu'il se cornait très légèrement, ainsi que la lettre d'accompagnement) livré en Colissimo (mode d'envoi que beaucoup d'éditeurs détestent parce que les forçant à aller à la Poste pour les récupérer) pour un tarif exorbitant (environ 10€ pour l'enveloppe et le Colissimo...) alors que finalement en achetant des enveloppes dans une bonne papeterie pour 1€ l'enveloppe et en l'envoyant en lettre simple, ça ne coûte plus que 5€50 l'envoi hors prix de l'enveloppe. On gagne donc à peu près 4€ par envoi pour une meilleure qualité et un résultat bien meilleur. La confiance donne de l'avance, qu'ils disent...
Concernant cette étape, il faut également réfléchir avant de balancer son texte. Si vous balancez tout d'un coup à tout le monde, vous aurez des réponses qui vont s'étaler entre quelques semaines et un an, voire plus. Mais surtout, vous risquez de recevoir une réponse positive d'un petit éditeur, sauter de joie, signer le contrat... et recevoir ensuite une réponse positive d'un éditeur plus important. Ça ne m'est jamais arrivé mais j'imagine que ça doit être une sensation bizarre, entre fierté et dépit. Pour éviter ça, il faut d'abord se renseigner sur les délais de réponses de chaque éditeur (quand c'est possible) et planifier ses envois en commençant par les plus longs à répondre et ses éditeurs préférés pour ensuite passer aux moins importants, le tout de façon très progressive. Clairement, ça peut prendre un an et demi, deux ans et ça peut être pour... rien du tout si tout le monde vous le refuse. Et si on la chance et le talent de signer un contrat, il faudra encore de longs mois avant que le livre ne soit publié. Ça peut même prendre une année... Autant de détails dont il vaut mieux avoir conscience dès le départ.
Lors de cette étape, un autre choix stratégique est à faire: doit-on joindre une enveloppe pré-timbrée pour que l'éditeur vous renvoie votre manuscrit en cas de refus? Si vous choisissez cette option, vos frais d'envois risquent de doubler, mais vos frais d'impression seront moindres. Ça demande donc calcul et réflexion. À titre personnel, l'envoi de mon bouquin est plus coûteux que son impression, donc inutile de joindre une enveloppe pour le retour (en l'occurrence il s'agit d'un colis) qui augmenterait encore la taille et le poids de l'envoi, et ainsi son prix... Je réimprimerai au besoin.

Voilà donc où j'en suis dans ma phase "roman/édition". Bien entendu, je compte évoquer chaque réponse reçue sur ce blog, et, si possible, expliquer concrètement comment cela se passe lorsqu'on est édité.
Mais chaque chose en son temps. La première réponse devrait venir de L'Atalante d'ici une bonne semaine (ils m'expliqueront juste comment les choses vont se dérouler) et dans un mois ce sera Gallimard (pour lequel j'ai assez peu d'espoirs, mais il faut bien tenter le coup).

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