dimanche 29 mai 2011

Audace, de Roger Gaillard


Malheureusement, L'oie plate a fini par rendre les armes. Il n'existe plus de version actualisée. Néanmoins, si vous parvenez à vous en procurer un exemplaire, il contient de précieuses informations.


 Cet article est d'utilité publique. Au cours de mes errances sur le web et notamment sur les forums littéraires tels que Jeunes écrivains et Forum littéraire, j'ai pu me rendre compte que certaines questions revenaient régulièrement concernant le monde de l'édition. Il faut dire que cet univers est une jungle inextricable dans laquelle le néophyte peut très facilement se perdre et même assez souvent se faire bouffer par un tigre ou un serpent.

Des éditeurs, il en existe des centaines rien que dans la francophonie. Quelques uns sont archi-connus et font rêver tous les jeunes auteurs: Flammarion, Gallimard, Albin Michel... Autant de grosses maisons qui recoivent des centaines de textes tous les mois, et qui ne les lisent que très rarement. Alors qu'à côté il existe des centaines d'éditeurs moyens ou petits, tout à fait convenables, qui adorent à la fois la littérature et les écrivains mais qui souffrent d'un manque de visibilité. Et Audace les répertorie.

Mais la force de ce bouquin n'est pas simplement là, elle est aussi dans les conseils qu'il donne concernant les contrats d'édition. Il attire surtout l'attention sur les dangers du compte d'auteur et sur les rapaces de l'édition qui n'attendent que vous, pauvres néophytes, pour se faire un max de pognon sur vous, votre naïveté, votre ignorance, votre ego qui vous persuade que vous avez écrit encore mieux que le Da Vinci code et que vous allez donc en vendre des millions à travers le monde...
Et ils sont nombreux dans le genre, à se faire de la pub sur Internet, sur les forums par exemple ou de petits encarts dans les magazines, comme Marianne. Petit exemple avec les éditions Baudelaire où j'avais envoyé le manuscrit de Différent, comme tout le monde, ma modeste pièce de théâtre. J'adore Baudelaire, j'avais trouvé la pub dans un magazine cité plus haut que j'apprécie beaucoup et qui se fait fort de dénoncer tous les méchants de notre société, alors je me suis dit "Pourquoi pas essayer?" Assez rapidement, j'ai reçu une réponse très positive et un contrat magnifiquement présenté qui m'a presque fait mourir de rire. Pour publier ma pièce de théâtre, ils me demandaient 2428€80!!! Payable en plusieurs fois, évidemment... En sachant que je n'avais encore rien publié et qu'on peut s'estimer satisfait lorsqu'une pièce de théâtre se vend à 100 exemplaires à 12€, et en sachant qu'en général on touche 10% sur un bouquin (pour Baudelaire il me semble que c'était heureusement un peu plus quand même)... hé bien même en étant méga optimiste, ça ne nous fait pas le compte! Très loin de là!
Dans mon cas personnel, je n'avais de toute façon pas les moyens, du tout, et puis je suis suffisamment lucide pour me rendre compte du grotesque de la proposition, mais d'autres doivent tomber dans le panneau. A la limite, ça pourrait ne pas être grave s'ils en étaient restés là. Ils m'ont envoyé ça pour me décourager, pourrait-on se dire. Sauf qu'ils m'ont relancée par mail quelques mois plus tard, en vantant mon ouvrage et en me signifiant la possibilité de revoir à la baisse leurs tarifs. Je leur ai répondu que s'ils trouvaient mon bouquin si bien que ça, ils n'avaient qu'à me proposer un vrai contrat d'édition dans lequel je n'aurais rien à débourser... Ma réponse demeure à ce jour sans réponse...

Voilà donc l'utilité publique d'Audace et de l'ensemble des publications de L'Oie plate, dont je parlerai par la suite, un bouquin à la fois.
Concrètement, comment ça se présente?

Dans sa première partie, l'auteur se livre à un état des lieux et à quelques conseils dans le démarchage des maisons d'édition, les différents types de contrat, les stratégies par genre etc etc. C'est assez synthétique parce qu'il développe toutes ces questions dans ses autres publications, mais c'est à apprendre par coeur.
Dans la seconde partie, Roger Gaillard recense tous les éditeurs qu'il connait, par ordre alphabétique, avec une belle petite fiche descriptive à chaque fois.
Ces fiches sont réalisées grâce à un questionnaire qu'il envoie à chacun de ces éditeurs et par l'expérience, c'est à dire les jugements d'écrivains et de professionnels qui ont "testé" ces entreprises et qui ont pu en discuter avec lui.
On trouve donc tout ce qu'il y a à savoir sur ces éditeurs: ce qu'ils éditent, leur philosophie, leur importance, le nombre de publications, comment ils trouvent leurs nouveaux auteurs, comment leur envoyer son manuscrit, combien de temps ils mettent à répondre, quelques conseils personnalisés etc etc etc
Je peux vous assurer que c'est complet de chez complet. Et, en bonus, pour les éditeurs à compte d'auteur, il pousse même jusqu'à décerner des étoiles pour ceux à qui on peut faire confiance, et des tomates pour ceux qu'il faut éviter comme la peste.

Il s'agit donc, vraiment, du bouquin que tout écrivain doit avoir dans sa bibliothèque s'il souhaite se confronter au monde de l'édition.
En plus, même si c'est anecdotique, j'ai eu l'occasion de discuter avec monsieur Gaillard, par téléphone et par mail, et je peux vous dire que c'est un type sympa, et très engagé dans la défense des auteurs. Un mec de confiance, quoi...
Les faiblesses du bouquin.
Malheureusement, tout n'est pas parfait non plus.
Le prix, déjà, en fait un investissement, certes rentable mais qui fait quand même réfléchir quand on manque de thune: 45€ (il est en promo en ce moment, moi je l'ai payé 54€). Cela dit, sur le site de L'Oie plate, on trouve quelques conseils qui figurent dans le livre, et ça c'est cadeau. Et puis, ça vaut largement le coup.
Plus embêtant: la rareté des mises à jour. Mon bouquin date de 2005 et il n'y a toujours pas eu de nouvelle version. Pourtant, le monde éditorial n'arrête de bouger, d'évoluer... Des éditeurs naissent pendant que d'autres meurent... Donc c'est un ptit peu emmerdant. D'un autre côté, c'est aussi notre faute. Ca demande énormément de boulot de réaliser un tel bouquin et si on participait un peu plus en envoyant nos expériences et découvertes, et si on achetait un peu plus de leurs bouquins, ils pourraient sans doute s'y consacrer d'avantage. Cela dit, on peut également trouver sur le site une rubrique "Le lifting d'Audace" qui apporte les nécessaires corrections à ce livre, gratuitement. Elles n'y sont sans doute pas toutes mais ça reste appréciable.
Dernier défaut: il manque quelques éditeurs. De par mon expérience, il en manque même des centaines. Le bouquin est déjà conséquent mais rien que pour le théâtre (je suis en pleine recherche d'éditeur pour ma deuxième pièce), il en manque un sacré paquet. Je pense que d'ici quelques temps je vais lui proposer un partenariat pour combler ses lacunes et pour pouvoir également propager sa bonne parole.
Conclusion.

Je suis écrivain et c'est ma Bible et je pense que chaque écrivain devrait l'avoir en sa possession pour éviter de se faire baiser et pour optimiser ses chances d'être bien édité et diffusé.
Le Must, donc.

2 commentaires:

  1. J'ai fait des constats semblables. Mais vous ne parlez pas des éditions numériques ! Là aussi, prudence. Celui que j'ai essayé exige, mais sans le dire, une maquette que l'auteur exaspéré par leur manque flagrant de compétences (à croire qu'ils ne savent pas lire !) met au point... et n'est même pas fichu d'en faire quelque chose de publiable ! Quant au contrat, il est léonin. Et je ne parle pas des petits éditeurs en mal d'écriture qui réécrivent sans rien comprendre, mais avec un style bien scolaire !

    Un petit manque pour la littérature jeunesse.

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    1. C'est vrai qu'il y a aussi de quoi faire pour les éditions numériques. Je viens d'entendre beaucoup de bien de la nouvelle plateforme d'Amazon qui permet de s'autoéditer mais pour l'instant tout ça est encore trop neuf et insuffisamment réglementé pour s'en faire une idée juste. En ce qui me concerne, je pense que les tablettes sont une belle invention pour tous les techniciens qui peuvent ainsi embarquer leur bibliothèque de notices et autres modes d'emploi. C'est aussi pratique dans certains métiers mais pour le reste, j'y crois pas une seconde. L'effet de mode passé, je pense qu'on assistera à un retour au format papier pour la presse et la littérature. Il y a déjà bien trop d'écrans dans notre société et ils nous pourrissent la vie autant qu'ils nous la facilitent, notamment en perturbant notre horloge biologique. Mais ce n'est que mon humble avis, et il m'arrive régulièrement de me planter...

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